Particules complémentaires, notre structure d’art contemporain, est née du désir de tisser des liens entre la production de différents artistes.
Dans La Vitrine - notre atelier-galerie à Hyères - nous avons développé depuis 2015, notre démarche personnelle de création ainsi qu’une programmation concertée d’expositions sous différents formats.
En 2022, le regard porté sur d’autres femmes artistes déployant un travail depuis longtemps sur notre territoire, nourri par nos échanges et la visite de leurs ateliers, nous donne l’impulsion de présenter dans notre espace de 20m2 la première exposition «des contemporaines» avec Daphne Corregan, Marie-Line Costantini, Marie-France Lejeune, Solange Triger et nous- mêmes.
La même année, Émeline Eudes, directrice de l’école d’art idbl à Digne-les-Bains, nous invite à venir jouer l’acte II «des contemporaines » dans sa galerie plus spacieuse - le bild ; nous offrant ainsi l’opportunité de prolonger le dialogue entre nos pratiques respectives.
L’aventure du hors-les-murs est lancée.
Le travail poursuivi par chacune et la richesse des expérimentations - du concept à l’intuition poétique, du volume à la photographie - construisent le fil conducteur de nos propositions renouvelées de monstration, en choisissant dans notre commissariat de questionner la peinture dans une conversation forte et contrastée.
Cet été 2024, le vaste espace de la Galerie du Canon à Toulon accueille l’acte III «des contemporaines», où de nouvelles productions cohabitent « dans leurs singularités, tout en créant, par le biais de l’accrochage, un récit homogène unique propre à ce lieu », comme l’a écrit Émeline Eudes, qui désormais nous accompagne dans ce projet artistique à voix multiples.
Mai 2024 Christine Heitzler et Sandra Mauro Artistes-commissaires
Née à Pittsburgh (USA)
Vit et travaille à Draguignan.
Sélection d’expositions récentes :
Kunstkamer Delft (Pays-Bas),
Kunstforum Solothurn (Suisse),
Musée de la céramique de Jingdezhen (Chine),
Musée du Vieil Aix-en-Provence,
Palais Jacques Cœur (Bourges),
Fondation Villa Datris (L’Isle-sur-la-Sorgue),
MAD, Museum of Arts and Design, New York (USA),
FuLe International Ceramic Art Museum – Pavillon français (Chine),
Musée d’art contemporain de Dunkerque,
Centre céramique contemporaine La Borne, Institut Européen des Arts Céramique (Guebwiller), Musée des Beaux-Arts de Lyon,
Musée de la Piscine (Roubaix).
Son travail figure dans différentes collections privées et publiques (Musée des arts décoratifs – Paris, Musée national de céramique – Sèvres, Fnac Paris, Museum of Modern Art and Design – New York...).
Trois axes rhizomatiques structurés par l’idée du contenant sans contenu caractérisent son travail : les images de pots (pichets, bols, cylindres...), les figures anthropomorphiques (têtes, mains, pieds, crânes...), et enfin une multitude d’objets hétéroclites (nuages, architectures, maisons, élastiques, anneaux...). Les séries qu’elle crée sont souvent insufflées par des anecdotes, des sentiments ou des événements.
Ainsi, son travail n’est pas uniquement un travail formel, il puise dans l’imaginaire et constitue un véritable alphabet de formes, de textures, d’éléments graphiques, enrichis au fil du cheminement de l’artiste. Son goût et sa curiosité pour les outils, les voyages, l’ethnologie, la lecture et les diverses pratiques artistiques élargissent son vocabulaire plastique.
De l’éternel débat entre abstraction et figuration, Daphné Corregan s’est émancipée : elle laisse libre cours à la liberté du moment et au coup par coup, qui lui servent de moteur, et donnent une plus grande amplitude aux formes et à leurs expressions
Extrait de texte par André Debono peintre 2021
Née à Bouira (Algérie). Vit et travaille à Toulon.
Sélection d’expositions récentes :
Galerie La porte étroite (Toulon),
Espace papiers par l’artothèque de Draguignan, École d’art idbl (Digne-les-Bains),
Batterie du Cap Nègre (Six-Fours-les-plages)), Galerie du Canon (Toulon),
Pavillon Baltard (Nogent-sur-Marne),
Hôtel des Arts (Toulon),
Musée d'art de Toulon,
Chapelle de l’observance (Draguignan),
Villa Les Asphodèles (Saint-Raphaël).
Le travail présenté sous forme sérielle découle des « Vanités » à partir d’études d’un crâne éclaté.
Il y a bien longtemps la peinture donnait une représentation si fruste que les peintres ajoutaient « Ceci est un bœuf, cela un cheval ou bien un arbre »
Ici ce sont des encéphales nés de mutations arbitraires, métamorphoses particulières.
Les bassins : fusains sur fond mauve questionnent le corps, sa cohérence en synergie.
Les techniques employées : de la peinture vinylique à la peinture à l’huile.
Dans l’ordinaire de l’atelier, au-delà des apparences ; rien de significatif à apporter : un pressentiment et l’acte surgit, le chemin se dessine.
La peinture « regarde » et suggère sa « distance » dans l’espace de l’exposition.
Représentation allégorique de la mort, du passage du temps et de la vacuité des activités humaines.
Le 12 mai 2024 Marie-Line Costantini
Née à Bergerac. Vit et travaille à Hyères.
Sélection d’expositions récentes :
Musée des arts et traditions populaires (Draguignan),
École d’art idbl (Digne-les-Bains),
Galerie Poscia (Hyères),
Centre d’art de Sainte-Anastasie-sur-Issole, et de nombreuses fois à Particules complémentaires : La Vitrine (Hyères).
Son travail figure dans différentes collections privées et à l’artothèque de Draguignan.
Le fragment de phrase de Paul Valéry raisonne...
« Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme c’est la peau »
Ces peintures sur papier racontent la fragilité robuste de la peau, de la chaire, de la traversée des éléments qui la constituent.
Comme une respiration cette trame se dilate et se rétracte.
En se chargeant d’air et d’eau chaque dessin est un segment du tissu pictural né de la coulée de peinture qui épouse le papier.
Superpositions et juxtapositions de feuilles de papier cristal, enduites de colle de peau pigmentée, sur laquelle apparait la ligne d’encre de chine.
Le dessin vole dans cette épaisseur cristalline.
Eclipse de sensations captée dans une gestuelle pour s’inscrire dans la profondeur subtile de la matière légère.
La trace de l’instant.
... Surviennent de la radio les mots de Yannick Haenel....
« La peinture c’est une parole mais qui se tait merveilleusement ».
Christine Heitzler
Née à Lorient. Vit et travaille à Toulon. Sélection d’exposition récentes : Galerie du Tableau (Marseille), Galerie La Porte étroite (Toulon), École d’art idbl (Digne-les-Bains),
Villa Tamaris Centre d’Art (La Seyne-sur-Mer), Maison de la photographie (Toulon), Artothèque Antonin Artaud (Marseille), Galerie Vrais rêves (Lyon),
Galerie du Canon (Toulon),
Maison des Comoni (Le Revest-les-Eaux), Centre culturel de Saint-Raphaël.
Son travail figure dans différentes collections privées et publiques (Galerie Municipale du Château d’Eau – Toulouse, Artothèque Antonin Artaud – Marseille, Artothèque- médiathèque Bonlieu – Annecy, Collection du Royaume de Belgique - Palais Egmont – Bruxelles).
C’est une peinture en forme, hors cadre, une peinture sculpturale.
Une peinture revêtue de peinture, support d’elle-même.
Une peinture édifiée, stratifiée, ciselée, selon les séries.
Une peinture modelée, qui s’entrelace, s’installe et se reflète sur le mur.
Une peinture haute en couleur qui tout en restant matière devient matériaux.
Une forme de (re)présentation picturale...
Marie-France Lejeune
Née à Nice. Vit et travaille à Hyères.
Sélection d’expositions récentes :
Amélie Maison d’art (Paris),
École d’art idbl (Digne-les-Bains),
Cloître Saint-Louis (Avignon),
Galerie La Porte étroite (Toulon),
Galerie Elisabeth Serre (Hyères),
Musée des Arts et Traditions Populaires (Draguignan),
Centre d’art de Sainte-Anastasie-sur-Issole, et de nombreuses fois à Particules complémentaires : La Vitrine (Hyères).
Son travail figure dans différentes collections privées et à l’artothèque de Draguignan.
Énergie du vivant. Des formes, j’abandonne le détail. Des couleurs, je scrute la puissance et creuse la sensation que l’œil reçoit.
J’explore l’idée d’une présence comme de sa perte - un entre- deux à la fois manifeste et changeant, entre abstraction et nature, apparition et disparition, force et fragilité - de ce que je vois et perçois.
La peinture, mon expression première, m’intéresse dans ses extensions de territoire, dans ses porosités et ses contacts avec d’autres formes artistiques.
Ainsi les Photodiaprures ont des allures de peinture dématérialisée, tentent le trouble, explorent les rapports de la peinture et de la photographie. Ce sont des photographies de peintre, pas de photographe. Je recherche une matière visuelle floue, légère et volatile comme du pollen se déposant sur une surface. L’important est l’abandon du piqué, jusqu’à ne plus pouvoir faire le point.
Ces « peintures » sans matière picturale proposent l’image de l’impermanence. Cette recherche de l’insaisissable se poursuit aujourd’hui dans les Dessins diaprés où toujours la couleur domine, par sa quantité comme sa tonalité, franche frontière entre moi et le monde.
Sandra Mauro, mai 2024
« Aux confins de ses recherches formelles et coloristes, Sandra Mauro obtient des abstractions entre photographies et peintures. Ses compositions spectrales éblouissantes deviennent alors des espaces de contemplation et de méditation ».
Béatrice Andrieux, commissaire et critique d’art, avril 2023.
Née à Safi (Maroc). Vit et travaille à Toulon. Sélections d’expositions récentes :
Natan Art Space, n'Dalem Natan Royal Heritage et Institut Français (Yogyakarta, Indonésie),
Institut Français Köln (Allemagne),
Alliances Françaises de Safi et d'Essaouira (Maroc), Université de Valence (Espagne),
Le 109 (Nice),
Hôtel des Arts (Toulon),
Centre d'art le Moulin (La Valette-du-Var),
Villa Théo Centre d'art (Le Lavandou),
Centre d'art La Falaise (Cotignac),
École d'art idbl (Digne-les-Bains).
Son travail figure dans différentes collections privées et publiques (FRAC Sud, Musée de Toulon, Collection départementale du Var...).
onquêtes
Conquêtes (Sojourner), 2024, 72 x 163 cm, techniques mixtes sur toile © Solange Triger
La nouvelle série de peintures, intitulée Conquêtes, trouve son origine dans une anecdote d’atelier qui illustre assez bien l’exploitation d’un hasard heureux dans le processus de recherche animant le cours du travail pictural.
Il s’agit, en l’occurrence, de la chute fortuite de peinture pailletée provenant de la réalisation d’une série précédente sur une ancienne peinture, devenue à mon sens obsolète et placée en protection du sol de l’atelier. Je me suis alors aperçue que les éclats de couleurs brillants tombés sur la rude surface en toile de jute de cet ancien paysage imaginaire exécuté en 1991 produisaient une qualité d’étrangeté intéressante. Comme si cette pluie de couleurs sur le fond brun et nébuleux de l’ancienne peinture renvoyait à un spectacle météoritique appartenant à un univers astrophysique fantasmé.
C’est à partir de cette expérience, issue initialement de la collision esthétique de matérialités picturales différentes, projetant des lumières colorées sur l’obscurité mate du fond, que j’ai pu introduire l’image discrète d’objets technologiques tirés de l’histoire de la conquête spatiale.
A l’heure où l’esprit de conquête qui a animé l’expansion mondiale de la civilisation occidentale sous ses formes simultanément colonialistes et technophiles aboutit à une crise mettant en péril l’habitabilité même du monde terrestre, il me semblait qu’il était encore possible de faire résonner l’écho en peinture d’une sorte de vanité post-moderne : l’image des instruments de l’ultime conquête spatiale sous la forme tremblante et fragile de leur épure, immergée dans l’énergie explosive de la lumière pailletée.
Solange Triger